"Marseille a une grande �quipe." Klauss Allofs, auteur de cette
affirmation dans le pr�c�dent num�ro de France Football, n'est pas un menteur.
L'OM a une grande �quipe, il peut le r�p�ter encore plus aujourd'hui qu'hier.
Les quatre buts pass�s � Hajduk Split en attestent, et cela ne fait pas
de doute, les Marseillais sont entr�s dans une nouvelle phase de leur saison,
celle qui leur ouvre d'autre horizons. Apr�s les soucis de l'�t�, ils red�couvrent
l'ambition comme il convient aux �mes bien n�es.
Dans le concert de louanges suivant une rencontre de Coupe d'Europe d�concertante,
on a surtout mesur� la fragilit� des choses et des opinions. Marseille
est redevenu l'OM des slogans J'OM
Faut-il pr�ciser que G�rard Banide observe ce revirement de tendance avec
cet air qui lui sied si bien, l'oeil tout � fait amus� et un brin narquois.
Les raisons de Banide donc. "Nous avons eu la chance d'aligner cinq
ou six fois de suite la m�me formation, c'est tr�s important. Deuxi�mement,
il y a l'�panouissement de Klauss Allofs, vous avez vue ce qu'il a r�ussi
devant les Yougoslaves.
Troisi�mement, on assiste au retour en force de joueurs qui furent plus
ou moins longtemps bless�s, tels Alain Giresse et Genghini. Quatri�mement,
une solidit� se d�gage de l'organisation d'ensemble, incarn�e par F�rster,
et enfin, cinqui�mement, Lowitz a apport� une s�curit� derni�re.
En un mot, il y a une unit� de pens�e. "
R�sultat, l'OM a marqu� quatre fois jeudi dernier. Cela ne lui �tait que
rarement arriv� depuis le mois de juillet. D�tail suppl�mentaire, les Marseillais
ont r�alis� le meilleur score de cette journ�e europ�enne, un indice toujours
bon � prendre en consid�ration pour la suite.
Il leur reste maintenant � aller plus loin, ce qu'ils semblent capables
de faire, emmen�s par un Klauss Allofs, dont G�rard Banide souligne le
r�le essentiel.
Face � Hajduk, le footballeur allemand fut sans cesse pr�sent , et par
instants prodigieux. Dans ses orientations ses dribbles, ses acc�l�rations.
Jean-Pierre Papin dit : "A ses c�t�s, j'ai appris � me calmer et �
ma discipliner.
Tout ce qu'il fait est parfait. Ca d�teint sur moi. J'arrive � r�ussir
des gestes qui en �tonnent plus d'un."L'OM sous influence allemande,
c'est presque �a.
Allofs devant et F�rster derri�re, la boucle est boucl�e. Tous deux p�sent
lourd sur le jeu marseillais.
Ils furent lourd, la semaine pass�e, � l'origine du premier but (mont�e
de Karl Heinz) � la conclusion du troisi�me (gauche de Klauss) et dans
plusieurs coups dangereux.
D'Allofs, G�rard Banide parle comme d'un "monument", confiant.
"
Les Marseillais savent d�sormais qui est Klaus Allofs, et ils comprennent
pourquoi tous les grands clubs le voulaient.
Avec F�rster, qui est lui aussi un mod�le sur le terrain et en dehors,
nous avons une paire d'�trangers remarquable.
Ils ont le talent, ils travaillent, ils poss�dent le sens de la collectivit�,
je ne peux pas dire plus. "Au sein de l'effectif marseillais, Banide
n'est pas le seul � se montrer satisfait des deux joueurs allemands.
Il existe une unanimit� assez unique autour de Klaus et Karl Heinz. Pas
une fausse note dans les d�clarations des uns et des autres.
Yvons Le Roux : "Ce sont des supers. Ils nous motivent. Ils nous apportent
leur hargne, leur mentalit� . Avez-vous vu comment F�rster tacle ? Ils
sont tr�s costauds, tr�s s�rs d'eux, ils nous mettent en confiance."
Domergue : "Karl est le meilleur stoppeur du monde ; il est rigoureux,
s�rieux, et Klaus est une attaquant assez fantastique, tr�s spectaculaire,
latin dans son jeu. Je dirais qu'ils sont excellents sous tous rapports,
ils ne posent vraiment aucun probl�me."
Sans probl�me, Alain Giresse insiste �galement sur ce point. "Au-del�
de leurs qualit�s de joueur qui sont �videntes -Allofs est un attaquant
au registre complet, et F�rster est une tour de d�fense, un homme de devoir-
ils s'int�grent parfaitement.
Ils rigolent, ils plaisantent. On appr�cie beaucoup leur �tat d'esprit.
Ils sont tr�s professionnels. Tout cela est id�al pour que la sauce prenne.
"
Michel Hidalgo parle, pour sa part, de "g�n�rosit� dans l'effort"
et il remarque : "Tous les joueurs ont envie de leur faire plaisir.
Au chapitre de la mentalit� et de la performance, nous ne pouvions pas
trouver mieux."
S�r�nit�, �tat d'esprit, s�curit�, performance, l'OM ressemble de plus
en plus aux cheveux blonds de K.-H. F�rster et � la coquine moustache de
K.Allofs.
Dire toutefois que la ressemblance est frappante ne serait pas non plus
totalement exacte.
Ce serait passer sous le silence les sprints �chevel�s de Papin, l'�l�gance
de Bell, la patte gauche de Genghini, et l'assurance d'Alain Giresse.
Le quatri�me but � dix secondes de la fin, oblig� d'y revenir. Pouss� dans
le dos, � moiti� d�s�quilibr�, il ne tombe pas, les jambes sont solides.
Il fixe alors un premier adversaire, qu'il �limine d'une pichenete, puis
un second dans le m�me mouvement longitudinal, et, � la sortie, il croise
son tir du pied gauche.
l ne manque qu'un morceau de grande musique pour accompagner cette action
superbe, mais il n'y pas de grande musique � Marseille...Ca fait quatre
de toute fa�on pour Vavlodic, et l'OM respire un grand coup. Il a un pied
et plus en quarts de finale de la Coupe des Coupes, bien que les Marseillais
s'en d�fendent. "N'allons pas trop vite, demande justement Giresse.
Ce serait une erreur de croire que tout est arriv�. Il y a une bonne p�riode,
tant mieux. "
Avec quatre buts d'avance, ce serait bien le diable si demain Marseille
ne se d�barrassait pas d�finitivement des Yougoslaves, dont on ne peut
pas dire qu'ils n'ont pas vu le jour au Stade-V�lodrome.
Ils jou�rent le jeu, ce qui fut peut-�tre un tort, ils se montr�rent habiles
techniciens, comme d'habitude, et on n'imaginait pas en premi�re mi-temps
qu'ils perdraient les p�dales ainsi, jusqu'� encaisser quatre buts.