OM Olympique de Marseille

Coupe de France 1929/1930 Sete futur vainqueur bat l'OM 3 � 0

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Avril 1930 Sete bat l'OM 3 � 0 (1 - 0) � Paris au Stade Buffalo
23000 Spectateurs 257000 Francs de recette
Buts Dubus (81e, 88e) Beck (85e)
F.C. S�te : Frondas ; Skiller, Chardar ; Cazal, Stefanovitch, F�jean ; Lucibello, Beck, Dubus, Friedmann, Durant
O.M. : All� ; Durbec, Jacquier ; Durand, Colnago, Schneebeli ; Devaquez, Allies, Boyer, Alcazar, Gallay.
Les jours se suivent...
La rencontre S�te-Marseille, samedi, en Coupe de France, a �t� l'inverse de celle qui avait mis aux prises, six jours auparavant, les deux �quipes, pour le titre de champion du Sud-Est. A Marseille, l'O.M. avait eu la partie en mains pendant presque tout le match, et son succ�s se chiffra par 3 � 1. A Buffalo, S�te joua gagnant quasi continuellement, et sa qualification pour la finale s'enregistra par un r�sultat de 3 � 0.Comment expliquer ce renversement de situation ? Tout le monde croyait � la victoire de l' O.M.? les joueurs marseillais y compris. Dans le club trois fois vainqueur de la Coupe, la confiance r�gnait : les anciens : Boyer, Devaquez, Gallay, Durbec, Jacquier, voulaient par un coup d'�clat, prouver que leur carri�re n'�tait pas achev�e.
Chez les S�tois en revanche, le moral n'�tait pas tr�s �lev� au d�but de la semaine, lorsqu'on s'installa � Brunoy.Mais cinq jours de vie tr�s saine (lever, 7 heures ; coucher 22 heures, repas � heures r�guli�res, grand air et sobri�t�) rendirent aux muscles leurs fra�cheur, � l'esprit d'�quipe et � l'optimisme un niveau satisfaisant : On aborda la demi-finale avec courage.
Le public, riche de 23.000 personnes (recette : 257.000 francs), escomptait la qualification des Marseillais, et il prit comme toujours le parti de celui qu'il estimait le plus faible. Sa faveur fut un stimulant suppl�mentaire pour S�te, qui, gagnant le tirage au sort, commen�a avec le soleil et le vent dans le dos, s'installa dans le camp marseillais.
Sete imposa, d�s l'abord, sa sup�riorit� technique, ainsi que ses courtes passes rapides d'homme � homme.
Je me disais, attendons ; l'�treinte va se deserrer. Que le ballon parvienne aux trois vedettes de la ligne d'avants marseillaise, et le spectacle du dimanche pr�c�dent va se renouveller.Il n'en fut rien. Devaquez, qui fut rarement et mal servi, ne prit pas le dessus sur F�jean ; quant � Boyer et � Gallay, ils trouv�rent devant eux un Skiller qui joua en grand footballeur.
L'Anglais naturalis� Fran�ais excella � tous points de vue : par la s�ret� et l'�-propos des interventions, la d�cision de jeu, la puissance des d�gagements dans le terrain, le sens de la place.
La ma�trise de Skiller, l'allant de Cazal et de F�jean, l'ardeur un peu d�sordonn�e de Dubus, disciplin�e de Beck, redevenu le grand animateur de la ligne d'attaque ; l'action utile de Friedmann, qui intercepta maints d�gagements adverses ; un allant indomptable de tous ; telles furent les qualit�s qui permirent � S�te de dominer la situation. Le football frais, jeune, plein d'�lan du "onze" de M. Bayrou, samedi, succ�dait au jeu fan� du dimanche pr�c�dent. L'Olympique de Marseille, entr� sur le terrain pour prendre la direction des op�rations, se voyait domin� et contraint � la d�fensive Au lieu d'imposer sa cadence, il subissait celle de l'adversaire ; loin de proc�der par ces grands d�placements de jeu qui font sa force.
Il �tait cern� par ces mouvants et courts parall�logrammes de force que tra�aient, autour de leurs adversaires, les Beck, Lucibello, Cazal, Friedmann, Dubus, Stefanovitch, F�jean.L'�quilibre des forces demeura cependant intact jusqu'� neuf minutes de la fin r�glementaire du match. Les arri�res Durbec et Jacquier, le demi-centre Colnago, le gardien All� y eurent un grand m�rite, de m�me qu'en premi�re mi-temps le demi-droit Durand, qui sauva, par un de ces coups de ciseaux acrobatiques de grande classe dont il a le secret, un but tout fait de Dubus.Le match �tait dur, passionn�, en perp�tuel changement de direction et d'allure, acharn�, des groupes ou des grappes de joueurs se disputant sans cesse devant un public emball�.
On pensait d�j� aux prolongations, d'autant plus qu'un penalty, d� � une faute de bras de Jacquier, avait �t� bott� sur la barre transversale par Dubus, et que le m�me avant-centre, prolongeant la course du ballon en une autre occasion, l'avait enlev�e juste au-dessus du but. C'est alors que la chance, jusque-l� d�favorable aux S�tois, se d�cida � leur sourire.
Sur une passe venue de Friedmann et transmise, par Beck, Dubus qui avait le dos au but, descendit le ballon � terre, fit demi-tour et botta sec dans le coin droit des filets. Le souple All� donnait l'impression d'�tre ma�tre du ballon : en r�alit� il le laissa �chapper. Le but �tait acquis, la victoire aussi. S�te repartit d'un puissant �lan et se cantonna de nouveau dans le camp marseillais. All� �tait d�courag�.
Ne croyant plus au succ�s, il fut battu par un shot bien plac� mais pas tr�s rapide de Beck.
C'�tait le deuxi�me but. Il restait cinq minutes � jouer.
Deux minutes avant la fin, Dubus couronna son oeuvre en obtenant, sur une passe prolong�e, le troisi�me but, Marseille ne se d�fendait plus : Colnago, bless�, avait �t� emport� du terrain...
Le Football-Club de S�te s'est pleinement r�habilit�, samedi, des r�centes performances, individuelles et d'�quipe de ses joueurs.
Il a renou� la cha�ne du club vainqueur de Mulhouse et qui semblait avoir �t� bris�e.
Samedi, la technique la strat�gie, le moral, tout y �tait. .
Le Miroir des Sports saluait la victoire s�toise par 3 � 1 sur le Racing.
Skiller fut le rempart de la d�fense :
Beck , le d�clancheur et le redresseur d'attaques :
Dubus, le r�alisateur.
Mais il serait injuste de laisser dans l'ombre Frondas, Cazal, Stefanovitch, F�jean, Friedmann, Lucibello m�me
Qu'est-ce qui a perdu Marseille ?
Je le d�clare tout net ; ce sont, en plus d'un exc�s de confiance initial, les deux int�rieurs Allies et Alcazar, qui ont jou� avec un courage superbe, mais aveugle. Ils se sont d�pens�s en pure perte ; ils n'on �t� utiles ni � leur d�fense, qu'ils g�naient, ni � leur attaque, qu'ils n'approvisionnaient pas et qui �tait r�duite � trois unit�s . Ces deux jeunes footballeurs ont cherch� en vain la bonne place � occuper ; les anciens auraient bien pu les conseiller un peu..
OSZAR »