30 Avril 1986 Parc des Princes
Bordeaux bat l'OM 2 � 1 (1 - 0, 1 - 1)
Arbitre Mr Quiniou 45429 Spectateurs
Buts Diallo (45eme sur penalty, Tigana (52eme),
Giresse (117eme)
Bordeaux - Dropsy - Thouvenel, Roche, Battiston,
Rohr - Girard, Tigana, Giresse, Tusseau -
Lacombe puis Lassagen (64eme), Reinders -
OM - Bell - Anigo, Bade, Bonnevay, Galtier
- Zanon puis Lorant (103eme), Martinez, Francini
- Diallo, Brylle, Audrain puis Di Meco (56eme) |
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Article France Football |
C'�tait pour Bernard Tapie sa premi�re sortie
officielle.
Il pr�senta l'�quipe au Pr�sident Mitterand,
une �quipe qu'il n'avait pas choisie puisque
sa nomination ne datait que de quelques semaines. |
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C'�tait le d�but d'une aventure qui durerait
pr�s de 10 ans, avec le palmar�s Olympien
le plus important de son histoire.
Il est int�ressant de lire ce que Bernard Tapie disait � France Football pour son intronisation et sa vision du Football. |
Comme on n'�chappe pas totalement � la mal�diction,
en football, Bordelais et Marseillais se
sont mis en t�te un tableau o� les doutes,
les certitudes, les r�ves, les intentions,
les d�clics psychologiques voisinent avec
l'exp�rience et les r�alit�s suppos�es.
Le plus s�r de tout, rapidement d�montr�
devant 45 429 spectateurs (4,5 millions de
francs de recette, plus les droits de t�l�vision
et de publicit�), c'est que les Girondins
n'ont plus la fra�cheur ni les ressources
physiques n�cessaires pour r�ponde � la dimension
th�orique de l'�v�nement. |
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Bernard Lacombe et Alain Giresse notamment,
sont � court de souffle et de d�tente, pr�sents
dans l'intention mais absents dans leur potentialit�.
le jeu girondin, par voie de cons�quence,
est dilu� dans l'insignifiance
La balle circule � moindres frais, les encha�nements
sont encha�n�s et l'esprit cr�atif mis en
conserve.
Comme, en face, les Marseillais r�alisent
un de leur meilleur match de la saison avec
le diabolique Diallo, on a longtemps pens�
que le sort allait r�ussir � l'�quipe olympienne |
Pourtant Bordeaux pourrait mener 2-0 � la
mi-temps au lieu d'�tre men� 1-0 .
C'est Reinders qui a commenc�, � la 25e minute,
en balan�ant un obus de penalty (Bade ayant
retenu Lacombe par la main) sur Antoine Bell,
fils pr�f�r� de la Bonne M�re.
C'est M. Quiniou ensuite qui n'a pas vu Bonnevay
enlever le ballon de la main devant Giresse
(38e). |
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C'est Saint Emilion enfin qui s'en est lav�
les mains et qui a permis � Diallo de marquer,
lui, sur penalty (45e) � la suite d'un fauchage
de Thouvenel sur Martinez.
Les Bordelais, au moment de l'incident du
penalty refus� (avertissement � Giresse)
et � la rentr�e au vestiaire (indignation
de Jacquet) abreuvent M. Quiniou d'un flot
d'injures;
Ils ont tort de le faire mais ils ont raison
d'�tre furieux.
Ils ne savent pas encore que l'arbitre fran�ais
de la Coupe du Monde va plut�t les avantager
ensuite : |
D'abord en ne sanctionnant pas les actes
d'anti-jeu r�p�t�s de Rohr sur Diallo (avertissement
� la 67e minute apr�s dix fautes caract�ris�es),
ensuite en ne voyant pas une faute pr�alable
de Reinders sur Bade lors du but d�cisif.
Malmen�s par le sort en premi�re mi-temps,
les Bordelais sont sauv�s du d�sastre cinq
minutes apr�s la reprise lorsque Diallo,
l'un des trois super-acteurs de cette finale
(avec Bell et Tigana), propulse le ballon
sur la barre � la r�ception d'un centre en
retrait de Martinez. |
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A quelques centim�tres pr�s, le petit lutin
s�n�galais entrait dans l'histoire au lieu
de se prendre la t�te � deux mains.
"Car, � 2-0, nous n'aurions sans doute
pas eu la force de revenir", dit Tigana.
l est temps pour Bordeaux d'aller chercher
au tr�fonds de sa collectivit� le ressort
de sa survie.
Puisqu'il est increvable, puisqu'il porte
son �quipe � bout de bras depuis plusieurs
semaines, puisqu'il poss�de en lui le talent
de tout faire et de le faire superbement,
Jean Tigana se dresse de sa taille de g�ant. |
Il est incroyable d'�nergie dans son pressing
sur l'adversaire et dans ses acc�l�rations,
surnaturel par son aisance � rester debout
lors des ratissages dans les pieds de l'opposant,
magnifique de clart� et de lumi�re.
Il n'a qu'un probl�me, au cours de cette
finale : lui, l'enfant des Caillols, il va
assassiner "l'Oth�me" de ses amours
contrari�es.
"Moi, en 1969, quand l'O.M. a battu
Bordeaux en finale, j'ai d�fil� sur la Canebi�re
avec les autres. Alors je ressens un pincement
au coeur !". |
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A la 53e minute (trois minutes apr�s "la
barre de Diallo") Tigana frappe de vol�e,
du pied gauche, un ballon contr� par les
Marseillais : ce ballon fuse comme un trait,
au ras d'un poteau et le plongeon de Bell
est inutile (1-1).
Sans hausser le niveau technique, la finale
1986, prend une tournure �motionnelle intense.
Brylle manque la balle de match (74e), Bell
arr�te tout (tirs de Reinders et Tusseau)
et la prolongation est in�vitable.
Elle s'�tire avec des joueurs �puis�s, Antoine
Bell songeant d�j� � la s�ance de tirs au
buts dont il se pressent le h�ros potentiel. |
A trois minutes de la fin, les Marseillais
commettent pourtant une terrible erreur collective
et d�fensive, laissant Tigana s'envoler sur
l'aile droite bordelaise et Giresse recevoir
en pleine solitude un ballon qu'il amortit
en douceur d'un pied et qu'il caresse en
orf�vre de l'autre pour l'exp�dier en parabole
au-dessus de Bell impuissant. |
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C'est vrai que les Marseillais se sont arr�t�s
de jouer � cause de la faute de Reinders,
c'est vrai qu'ils ne m�ritaient peut-�tre
pas �a mais le tableau d'affichage est formel
et Bordeaux a gagn� la Coupe.
C'est le temps du bonheur pour Giresse ("immense
et intense"), de la fureur d'Olarevic
� propos de l'arbitre (d�cid�ment, il est
pass� � c�t� de tout") et du bilan. |
En finale de Coupe, �crit Jean-Jacques Vierne
dans l'Equipe, il faut toujours un vainqueur.
Pour l'ensemble de son oeuvre plus que pour
sa sup�riorit� du jour, Bordeaux avait le
droit d'�tre celui-l�, mais l'OM m�ritait
plus que son rival de ramener la Coupe sur
la Canebi�re.
Giresse allait revenir l'ann�e suivante,
mais dans les rangs de la formation marseillaise
de Bernard Tapie |
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