OM Olympique de Marseille

Coupe de France 1926 OM bat Valentigney 4 � 1

Archives Miroir des Sports
Stade de Colombes 9 Mai 1926
OM bat Valentigney 4 � 1 (3 - 1)

Arbitre Mr Balvay, 30000 spectateurs
Buts Devaquez (16eme, 80eme), de Ruynbecke (26eme) , Boyer (33eme) Chavey (40eme)
OM Seitz - Durbec, Jacquier - Subrini, Clere, Blanc - Devaquez, De Ruynbecke D, Boyer, Crut, Gallay
Valentigney Entz - Lovy, Simonin - Rigoulot, Goll, Richard - Gredy, Van Praet, Chavey, Haenni, Schaff
Article Le Miroir des Sports (1926)
Les gars du pays de Montb�liard ont donn� tout ce qu'en bonne justice il �tait possible d'attendre d'eux. Ils ont couru, ils se sont d�men�s, ils ont poursuivi avec un courage toujours �gal ballon et adversaire ; ils ne se sont pas d�sesp�r�s, malgr� la sup�riorit� de classe �crasante de leurs rivaux et le chiffre des buts qui s'�levait peu � peu, d'une mani�re quasi inexorable, comme le flot d'une inondation.
Ils �taient frais et dispos, en bonne condition physique.
Mais ils ne pouvaient pas trouver en un instant -gr�ce uniquement � la sympathie g�n�rale de la foule, qui n'avait d'yeux que pour eux, et aussi en raison de la bienveillance manifeste de l'arbitre parisien, M. Balvay, la valeur qui leur manque.
Bonne volont�, d�sir de faire toujours mieux, confiance mutuelle des joueurs, patriotisme local, souci de fournir une honorable performance devant le public parisien, tout cela �l�ve une �quipe au -dessus d'elle-m�me, sans, toutefois, lui donner les qualit�s de football qui lui font d�faut.
Et puis, on peut tenir essentiellement avec l'�nergie et le c�ur pendant dix minutes, une demi-heure, une mi-temps m�me.
T�t ou tard, la fatigue survient, raidi les muscles, affaiblit la volont�, et le champ s'ouvre libre aux incursions de l'adversit�.
L�Olympique de Marseille ne la prit qu'avec h�sitation, par la force m�me des choses.
Cette �quipe, qui poss�de l'exp�rience des grands matches, qui compte dans sa ligne d'attaque quatre internationaux :
Gallay, Devaquez, Crut et Boyer, et un cinqui�me joueur qui a une r�elle valeur, une telle �quipe devait enlever de haute lutte la finale de la Coupe de France 1926.Ce ne fut pas le cas.
L�Olympique de Marseille commen�a par jouer au ralenti, en d�composant.
Je comprends sa tactique.
Il �tait grand favori, il avait tout � perdre et rien � gagner ; sa r�putation �tait en jeu, et il sentait que tout le public �tait mass� derri�re Valentigney.
Par exc�s de nervosit�, l'O.M. fit preuve d'une exc�s de sang-froid.
La m�thode de l'O.M. qui semblait �tre une simple entr�e en mati�re, se poursuivit longtemps et m�me, pour plusieurs �quipiers, comme Crut, jusqu'� la fin de la rencontre.
Seul, Gallay reprit bient�t conscience des r�alit�s, et c'est � lui que Marseille doit la plupart de ses buts.
On vit l'ailier gauche centrer et recentrer, sans impatience ni maladresse, jusqu'� ce que les avants du centre ou Devaquez aient repris la balle pour l'exp�dier dans le but de Valentigney.
Ainsi furent obtenus les premiers, deuxi�me et troisi�me buts, qui eurent pour auteurs directs Devaquez, de Rumbecke et Boyer.
Tel fut encore le quatri�me but, marqu�, en seconde mi-temps, par Devaquez, apr�s un centre de Gallay, prolong� par Boyer. Crut manifestement surentra�n�, laissa percer ses d�fauts principaux, qui sont la timidit� dans la contre-attaque et la manie de shooter � tout bout de champ� sans rime ni raison. Crut est tellement hant� par la volont� de shooter qu'on le vit dribblant � n'en plus finir, afin de d�blayer le champ de tir, et au m�pris de ses partenaires d�marqu�s, qui attendaient vainement un ballon enfin capt� par l'adversaire.
De Ruymbecke tombe, lui aussi, dans l'exc�s d'un artiste du ballon. Se sentant en face de rivaux inf�rieurs, il s'�gara dans ses dribbles, tant et si bien que le ballon lui �tait ravi en chemin. Il est vrai que, s'il n'avait pas �t� pris, de Ruymbecke n'aurait pas su quel usage en tirer. Devaquez enfin, sauf dans le dernier quart d'heure, o� il centra joua en r�alisateur, bornant son jeu � une course en biais vers le but adverse.
La ligne d'avants de l'O.M. qui est le juste orgueil du Sud-Est, parut frapp� de paralysie partielle. Boyer, qui, depuis six mois souffre d'un genou indocile � se gu�rir, garda tout le match une r�serve extraordinaire. Il n'attaqua pas l'adversaire, ne se replia pas, ne tenta que de fa�on exceptionnelle des actions personnelles.
On crut d'abord que le grand enfant s'�tait amend� et qu'il sacrifiait tout d�sir de marquer personnellement au succ�s du club. La raison v�ritable est qu'il craignait de ne pas tenir jusqu'au bout.
D'attaques coordonn�es, d'assauts entiers, de pressions totales, il n'y en eut pas dans la division des avants marseillais, sans cesse d�sarticul�e, toute en ligne bris�e ou en serpentin

En somme, c'est � des actions personnelles de Devaquez, de Boyer, de Gallay surtout, que l'Olympique de Marseille doit sa victoire
Il poss�de une �quipe beaucoup plus compl�te qu'il y a deux ans .
Elle courut le risque de passer au travers, de se concentrer exag�r�ment sur le d�tenteur du ballon, au m�pris des partenaires de cet adversaire.
Blanc, Durbec, Jacquier, Subrini firent preuve d'un mordant et parfois d'une imprudence stup�fiantes.
Il a cependant, pour r��diter son exploit de 1924, confi� son salut � des joueurs travaillant en isol�s comme en 1924.
Et la d�fense ? Elle p�cha par exc�s contraire. Comme si elle avait senti l'incertitude de ses avants, elle joua avec une pr�cipitation d�mesur�e.
Le petit Subrini fut le plus avis� d'entre eux, et il se montra aussi utile dans la d�fense que Gallay le fut dans l'attaque.
Mais ses partenaires, dans leur emportement � bondir de l'avant, s'ils obtinrent quelques hors-jeu de l'adversaire, laiss�rent parfois aussi celui-ci seul et � bonne port�e de shot.
Gallay fut �gal � lui-m�me.
Les avants de Valentigney, et tout particuli�rement Van Praet, ne surent malheureusement pas mettre � profit les situations inesp�r�es qui leur �taient cr��es, de sorte que les partisans des Marseillais, en furent quittes pour des frissons d'angoisse.
Devant Quevilly, � Paris, et devant le Stade Fran�ais � Lyon malgr� le r�le de figurant tenu par Boyer, l'Olympique de Marseille avait jou� en grande �quipe.Par son manque d'unit� en avant, par sa pr�cipitation en arri�re, il a manqu�, dimanche, l'occasion de confirmer qu'il est la premi�re �quipe de football de France.
Il a gagn� la Coupe, mais il n'a pas enlev� l'admiration de ceux qui aiment le beau football.
Et qu'on ne dise pas que Valentigney a brouill� les cartes : les vainqueurs de l'�preuve nationale ont �t� les ma�tres du terrain aussi souvent qu'ils se sont donn� la peine de le vouloir.

Ils ont, par instants, donn� une indication de la classe de leur �quipe, mais ils n'ont pas tenu leurs promesses. Ils se sont arr�t�s en chemin alors que la voie �tait libre.
OSZAR »